par Xav Le Toulousain » 31 Déc 2015, 17:19
A mon tour de livrer mes impressions sur ces vélos nucléaires.
Mercredi 30 sur un Samedi 27/9 Race 7
Je voulais savoir quelles sensations pouvaient produire un VTT à assistance électrique. J'ai donc profité de la gentillesse de mon vélociste habituel, pour lui prendre le temps de deux demi-journée un très élégant Moustache Samedi 27/9 Race 7.
Premières impressions en statique : le vélo est très bien équipé. Une superbe Pike RC en 150 au format Boost 27,5+ / 29 devant, une transmission 11 vitesses avec dérailleur X01 et commande GX, une selle FiZiK Tundra, une tige de selle télescopique « maison », des freins Magura MT5 à 4 pistons pour mieux pincer des disques de 200 devant et 180 derrière.
Pour le moins bon, des roues « standards » qui paraissent un peu lourdes, un cintre à la forme curieuse, plus proche de ce que l'on voit sur des single speed, mais pas très enduro, et à la finition quelconque, qui tranche avec le reste du vélo dont l'aspect fini est plus proche du haut de gamme que du basique, et enfin, un poids conséquent avec un centre de gravité vers l'arrière du vélo.
Les différentes commandes du moteur Bosch sont impeccables tant en finition qu'en facilité de prise en main.
Je termine mon inventaire par la pièce maîtresse : le cadre !
Un superbe cadre, au design moderne, sans faute de goût dont l'originalité est le mixage d'une roue de 29 devant avec une roue de 27,5 derrière, équipé d'un bon amortisseur maison qui fera fort bien le job pendant tout le test. La géométrie est moderne avec un angle plutôt fermé devant, un top tube long, une potence courte et des bases pas trop longues, pour un VTTAE.
On verra qu'à l'usage cet assemblage est très malin pour bonifier le caractère singulier de ce vélo à moteur.
Belles soudures et belle peinture complètent un ensemble qui respire bon la qualité et la fiabilité.
Une première sortie de réglage, sur mes petits singles autour du village, me laisse une excellente impression. Le vélo est très stable, facile à prendre en main. En quelques coups de pédales je comprend le fonctionnement singulier de la motorisation et j'entrevois très vite comment bien régler le vélo pour être au top pour la sortie en groupe du lendemain. De retour au garage, j'enlève de la pression dans les pneus et les suspensions, je descend de 15 mm le poste de pilotage, j'avance d'un poil la selle et j'augmente la garde des freins. Un dernier petit tour pour valider les réglages et je n'ai plus qu'à attendre demain le vrai test.
Ce que je peux dire à cet instant de l'essai, c'est que l'assistance est bluffante d’efficacité. Chacun des 4 modes permet de moduler la puissance, de gentil à très méchant ! Le poids se fait sentir et il ne faut pas hésiter à brusquer le vélo pour ne pas subir l'inertie. En cela l'assistance est un atout, 2 tour de pédales et le vélo accélère promptement. Le pilotage est plus proche de celui d'une petite moto que de celui d'un vélo de cross country super light. Enfin, les montées les plus mal pavées s'avalent avec une facilité déconcertante du moment que l'on a compris que l'assistance est efficace dès lors que l'on a une cadence de pédalage élevée. Les bourrins qui montent tout en force auront la sensation que le moteur ne sert à rien. La transmission 11 vitesses aux rapports resserrés est parfaite pour exploiter au mieux l'ensemble (je découvrirais plus tard la présence d'un indicateur de changement de vitesses au tableau de bord)
Mercredi 30, massif de La Clape, sortie du Guytwo.
Dernière sortie 2015 pour une fine équipe du forum. Vu les forces en présence et l'état d'esprit des troupes, nous ne sommes pas là pour acheter du terrain. La sortie va être rythmée et ce n'est pas pour me déplaire, je suis là pour pousser la machine et l'homme.
Le terrain de jeu est parfait pour un essai, une succession de singles virevoltants dans tous les sens, des bons coups de cul assassins, de belles petites descentes, des montées sur piste énergivores et quelques descentes plus longues et typées enduro. Au final 27 km de fractionné pur à environ 14 km/h de moyenne.
D'entrée de jeu je pose le pied à terre sur le premier coup de cul ! Honte à moi et à mon moteur !!! Je n'étais pas sur le bon rapport et l'assistance n'a rien pu faire pour extirper les 105 kg de l'attelage de ce mauvais pas. Un vtt à moteur ne marche que si l'on mouline. Je retiendrais la leçon.
Par la suite, une fois passés les premiers km d'accoutumance, je prendrais un pied majuscule sur ce vélo d'un autre genre. Les montées ne me laisseront pas sans voix une fois en haut. Pourtant j'ai le souffle accéléré et je transpire, j'ai donc pédalé, mais comme sur du plat …. Je profite d'une belle petite côte pour passer en mode « Tour », soit le deuxième niveau d'assistance. J'ai l'impression qu'il n'y a ni cailloux, ni racines tellement je grimpe comme un cabri. Un collègue me suit sans moteur et donne tout pour ne pas décrocher. Une fois en haut, je peux lui parler sans problème, lui est bien essoufflé !
Je viens de comprendre : le VTTAE va me permettre de me lâcher plus en descente ! Le fait d'avoir économisé mes forces et ma lucidité en montée va me permettre, passez moi le langage de motard, de mettre la poignée dans le coin en descente. Voilà le gros plus de ce type de vélo : économiser le pilote lors des ascensions pour un plaisir décuplé lors des descentes.
Du coup je me laisse aller là où d'habitude j'étais plus dans la gestion de mes forces. Première belle et longue descente, je relance à chaque sortie de virage, jambes et bras fléchis. Je fonce et je m'éclate ….. La roue avant de 29 apporte ce surcroît de sécurité tellement elle absorbe les obstacles. La Pike est un régal, elle filtre à la perfection et permet à la roue de ne jamais quitter le sol. L'arrière n'est pas en reste, à condition de pousser le vélo et pour ça …. bziiitttt …. il y a le moulin à café pour aider. Ce petit coup de boost à chaque tour de pédale permet, s'il est anticipé, de placer le cul du vélo sur la trajectoire, comme en moto cross !!!
Et là je comprends l'intelligence des concepteurs du vélo. Ce mixage 29 / 27,5 permet d'avoir un avant solide et stable, compte tenu des accélérations que l'on peut avoir, et un arrière incisif à souhait pour le fun.
Seule ma phobie des marches calmera mes ardeurs, avec 2 passages à pied dans des sections où j'aurais pu tâter les limites de la partie cycle, si ce n'était ma partie tête qui n'avait déclaré forfait ! Il va falloir que je fasse un stage pour soigner cela.
La dernière partie du parcours est une succession de virolos et de petites descentes, tout en relance. J'enclenche le mode sport, troisième mode de fonctionnement du berlingot, pour aller au bout du test. A chaque sortie de virage, le bruit décuplé du mixeur motive mon prédécesseur à appuyer fort sur ses pédales. Je l'entends souffler tellement il s'emploie à garder le rythme. Et moi je m'éclate comme un gosse sur sa première mobylette. Je suis tellement enthousiaste que je me fais un bon petit tout droit des familles sur un 90° gauche qui m'a sauté au nez. Je me retourne pour signaler ma présence à mes poursuivants …. que j'ai largué !!! C'est la première fois de ma vie de vttiste que je largue quelqu'un. Mouarf !!! Petit plaisir égoïste !
Un dernier petit raidillon en mode Turbo me démontrera que ce mode ne servira à rien sauf à vider très vite la batterie. Pourquoi ? Parce qu'on atteint très vite les 25 km/h au-delà desquels l'assistance se coupe et que, à moins de rouler avec d'autre vélos électriques, ça n'a aucun intérêt de déposer salement les copains de sortie, à moins de vouloir passer pour une grosse truffe !
Concernant le vélo, les freins Magura m'ont épaté. Puissants, constants, progressifs ils se révèlent aussi bon, voir meilleurs que les presque parfaits Shimano XT. La tige de selle télescopique assure bien son rôle, avec un débattement de 120 mm parfait pour mon gabarit médium (1,75 m). Le cintre de forme bizarre est en fait bien gaulé pour brusquer le vélo dans les changements de trajectoire. La transmission Sram mixant du X01 et du GX est parfaite de vitesse et de précision. Ceci est d'autant plus important que les changements de rapport sont très fréquents pour être toujours sur le bon tempo de pédalage. Par contre, le fait de pédaler provoquant l'intervention de l'assistance, les changements de vitesses se font toujours en charge. Il faudra donc être attentif à l'usure de la transmission et ne pas négliger l'entretien.
Dernier point, le poids élevé et le centre de gravité très bas du vélo ont deux intérêts :
- dans les parties pentus, il est quasiment impossible de passer cul par dessus tête.
- dans les successions de virages, cela permet de bien faire pencher le vélo avec un grip d'enfer pour un plaisir de pilotage total.
Voilà, c'est fait ! Je voulais savoir ce qu'un VTT à assistance électrique pouvait amener à un pratiquant moyennement normal comme moi, et j'ai une première idée précise.
Ce type de vélo est une autre façon d'envisager le ride pour quelqu'un de sportif et pratiquant régulier. Cela permet d'envisager un pilotage beaucoup plus engagé dans les descentes, sachant que l'on aura gardé un bon stock de calories et surtout de lucidité en haut des bosses. Le moteur permet aussi, une fois maîtrisé, d'avoir un pilotage plus proche des sensations de la moto tout terrain, avec un centre de gravité bas et des prise d'angle qu'un amateur n'osera pas chercher en VTT. Dans le cadre d'une sortie avec des copains non-assistés, le mode éco sera de rigueur pour être dans le rythme de la troupe, et ce mode permettra de faire un effort et de transpirer à peine moins que les collègues, sans pour autant passer pour un immonde tricheur !
Ce type d'engin n'est pas réservé aux seuls déficients physique et autres chétifs. Un pilote aguerri pourra explorer une autre façon de rider, entre le pur VTT et la moto.
Pour ceux qui pensent que ce n'est plus du vélo, ils se trompent. Pour avoir une assistance efficace, il faut mouliner comme un hamster et ce n'est pas à la portée de quelqu'un sans souffle. Ensuite l'engin, à moins d'y mettre le prix d'une voiture, ne fera jamais moins de 20kg, et que ce poids génère une inertie qu'il faut savoir maîtriser, et cela implique plus d'efforts que sur un vélo de 13 kg.
Personnellement ce vélo m'a bluffé. Je n'étais ni pour, ni contre. Je voulais apprendre quelque chose et aujourd'hui je sais : le VTTAE me plaît à tel point que je réfléchie pour savoir quel type de vtt sans moteur irait bien en complément !
Pour moi le Samedi 27/9 Race 7 n'a qu'un gros défaut : j'en veux un et ce n'était pas du tout prévu !!!
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Mort aux vaches, mort aux koms, et vive l'anarchie !