Et bien voilà !!!! Quatrième essai transformé, et dans les pires des conditions.
Bizarrement malgré les conditions dantesques qui s'annoncent, je reste assez confiant avant la course : ce coup ci j'ai mis tous les atouts de mon côté :
- une fourche suntour epicon X1 en 120 sur le camber 29 pouces....
- Un stage de reconnaissance 1001 sentiers avec Greg Germain
- 2 journées de vtt autour de Valleraugues Mont aigoual avec mon ami Patrick, de nombreuses sorties longues dans lesquelles j'ai vraiment attaqué...
- Des portages sur quasiment toutes mes séances de VTT
Et physiquement ça a porté ses fruits !!!
Je suis donc motivé comme jamais...
Vu les conditions dantesque, et compte tenu de mon mental à bloc, je sais que le seul truc qui peut me faire abandonner, à part la casse mécanique ou du bonhomme, c'est le froid : du coup je pars, comme Guillaume, Patrick et son cousin, avec des chaussettes de montagne (merci Patrick), un morceau de couverture de survie dans chaque chaussure, 3 couches surmontées d'un gore tex en haut, des manchons de compression en bas que je fais monter jusqu'au genou vu que je n'avais pas prévu de cuissard long. Pour l'esthétique c'est pas ça....
La dernière nuit, je dors par intermittence : pour me rendormir et éviter de gamberger, au lieu de compter les moutons je me répète mentalement en boucle : finisher, finisher, finisher......
Et viens le matin, je réussis toujours à chasser les moments de doute...
Première montée, puls à 160-165 puls mais après un départ médiocre, j'ai la satisfaction de remonter du monde, les premières sensations sont bonnes. Je suis à 15 mètres d'Anthony en haut, c'est plutôt une bonne nouvelle. Mais je ne le reverrai plus.
Le problème causé par la neige, c'est essentiellement que personne ne monte sur son vélo dans les passage moins pentus sur la crête, on perd du temps... Sinon, j'ai chaud au pied tout va bien.
Ravito en haut du col d'Andrion, je refait rapidement les niveaux, je mange une barre, trois morceaux de banane et feu dans la descente.
4 virages et c'est le drame....
Superbe OTB, je m'affale dans un torrent de boue... j'en ai partout.... pas de dégât physique apparent mais là la confiance en a pris un coup..... Du coup je me retrouve piéton une bonne partie de cette descente et les mecs me dépassent, me dépassent......
A force de les voir passer je me dis que mon objectif est en train de filer et j'alterne les obstacles que je passe et ceux que je ne passe pas.... plus la journée avancera, mieux je passerai....
Montée du Brec.... l'an dernier j'avais dû faire des pauses, épuisé par les portages... là ça va bien, j'ai le vélo sur le dos et je dépasse, je dépasse....
La descente du brec.... j'en passe la moitié sur le vélo.... Ensuite un peu singles divers en bordure de crête, et de nouveau une phase de descente.... Et là je commence à en passer quelques un dans les descentes... mais je reste crispé et du coup je fatigue des bras......
Je commence à regarder ma montre et à m'inquiéter : les dernières années, en arrivant à 13h30 en bas à Pont de Cros, je ratais la porte suivante, 15 h aux lieu dit des chasseurs, arrivant de 10 à 18 minutes de retard. si cette troisième porte a été avancée cette année, l'horaire de passage est à 14h30 et non plus à 15h.... J'aurais aimé un peu d'avance à Pont de Cros et cet espoir s'amenuise....
La montée sur la Madone se passe bien, j'ai des jambes et je repasse du monde.... j'y arrive à 11h38, je repars à 11h45 en ayant bien refait les niveaux....
Pendant le stage, passé le premier pierrier de la Madone, j'en avais descendu une bonne partie.... là quasiment tout à pied tellement c'est glissant, mais tout le monde est dans mon cas..... ensuite la descente vers le cros se passe pas mal, mais qu'est-ce que j'ai mal au bras...... tant pis, je passe sur le vélo le plus de pierrier possible, l la descente est longue, longue, longue, cassante, cassante, cassante, j'ai mal au bras mais techniquement ça va de mieux en mieux, je reprends confiance.... d'autant que je commence à avoir peur d'arriver au Cros après la porte horaire de 13h30.... Un gars me dit que compte tenu des conditions la barrière horaire a été déplacée à 14h... mais je préfère ne pas compter dessus et je la passe à 13h27......
Je suis hyper concentré, je ne vois même pas Guillaume qui m'encourage... je ne vois pas le paysage, je ne vois que le chemin devant moi...
Je passe le pont.... et je m'arrête 1 minute pour bien manger.... et j'attaque le portage.... là je vois vite que je suis entamé, d'autant que sauf prorogation de la porte horaire suivante, je n'ai qu'une heure pour y arriver.... je jette toutes mes forces dans cette montée de portage, et là c'est dur, dur dur.......Je souffre, je suis mort et je bourre pour atteindre cette porte horaire qui m'a toujours arrêté..... Je passe des mecs qui sont plantés, ça motive, mais il y en a également qui me dépassent... Je compte ceux que je passe et ceux qui me dépassent....
Et j'arrive à 14h25 à la porte 3, le bonheur...... Je sais que les parties les plus difficiles ont été supprimées entre la porte 3 et la dernière, donc maintenant il faut juste ne pas craquer...
Je refais les niveaux et je vois Patrick arriver.... il me demande de l'attendre.... Je sais comment il crapahute dans les montées, je préfère gérer mon effort.... je lui dit que je pars mais doucement.....
Ce que je fais, ça démarre sur du bon portage, je le fais sans pression, l'idée que je vais être finisher commence à s'immiscer en moi et je commence à apprécier la journée.... s'enchainent ensuite des montées et quelques descentes plus faciles que le début de la journée, le fait de les prendre en souplesse fait que mon mal aux bras disparaît.... Je pense à manger, à boire....... bref je le prend cool et je me sens de mieux en mieux, les douleurs musculaires de la montée après Pont de Cros sont oubliées...
Passage à la dernière porte horaire à 14h15 pour 14h45, ce coup ci je vois Guillaume qui m'encourage...
Un peu de montée qui passe tout seul et c'est le ravito.... je prends mon temps, je mange, je bois et Patrick arrive. Ce coup ci on part ensemble... et il me met aussitôt la pression dans la montée du mont chauve.... du coup je peste de l'avoir attendu, j'étais tranquille et maintenant j'ai de la pression.... oh puis merde, je monte à mon rythme.... mais dès qu'on peut un peu monter sur le vélo, je reviens facilement... ok ça va.... finalement ça sera sympa de passer la ligne ensemble...
la montée se passe bien, en plus d'avoir pris le temps de bien manger j'ai récupéré, je me sens en pleine forme des moments de joie m'envahissent.... prudence il ne faut pas tout gâcher en prenant des risques... quant à Patrick il en a marre et ne veux pas de prendre de risques non plus.... du coup la descente du mont chauve, c'est les trois quart à pied.... de toute façon les trois-quatre qui nous dépassent, on les reprend dès qu'on peut pédaler, dans les single tournicotants avec quelques escalades de cailloux qui suivent....
Une descente un peu technique qui suit et en bas...... plus de Patrick. Je vide et je remplis le bonhomme, et il n'est toujours pas là..... Merde qu'est-ce que je fais..... je ne vais tout de même pas remonter les 2 bornes de descente que je viens de faire.... en plus Georges Edward avait indiqué qu'il fallait arriver pour 18h30...
Je repars et j'arrive dans la fameuse Jungle.... ça commence par une descente hyper à pic et boueuse..... pas de risque, je la fais à pied.... j'ai même du mal à descendre à pied sans tomber avec cette boue.... Puis des franchissements de ruisseaux, escalades de murs de boues avec le vélo .... je pratique le lancer de vélo avant de grimper..... c'est long ce truc,
j'aimerais bien arriver....
Et enfin, on débouche sur la route, il restera juste un peu de bord de paillon à faire, puis le tunnel, puis l'arrivée.... j'ai des jambes, j'emmène sur la route un gars, puis un deuxième qu'on rattrape. Et ce dernier me fait le sprint, je réponds, photo à l'arrivée.....
Et voilà, Guillaume et Anthony sont à l'arrivée, je savoure la joie d'être enfin finisher....
L'après est plus compliqué : pour la douche, c'est douche froide sur la plage.... Pour le repas, ils pliaient bagage, un cuisinier qui avait tenu à rester nous a servi une salade de pâte.... puis retour...