Bertrand a écrit :Le projet était de se préparer à une grande traversée de la Bretagne au Gard pendant le mois d’Août. J’ai aucune expérience du bike packing et le maître en la matière, Artur, propose un Millau Rodez Figeac Rodez Millau, environ 480 km et 10000 m de dénivelé positif. Une fois l’équipement trouvé, occasion et neuf, y a plus qu’à !
Départ le vendredi matin à 6h00 de la maison pour rejoindre Artur à Lavérune, un petit réveil musculaire. Puis, voiture jusqu’à Millau.
Le plafond est bas et sombre, mais c’est parti pour 110 km et 2500 m de D+, une « Caussenarde » comme le dit Artur. « oui, Artur !, mais quand je fais une Caussenarde, c’est pas avec 7Kg de bagage sur le vélo, et le lendemain je dors…. »
On enchaîne les petites routes, les grands chemins, les monotraces. Vers 11h la pluie redouble, on dégote un abri bus pour le sandwich et c’est reparti à nouveau sous la pluie. Un garage nous sert d’abri pour laisser passer le déluge. Une petite heure de perdue.
Finalement rien ne sert de s’abriter de la pluie ce qui mouille le plus ce sont les hautes herbes, et tous les chemins sont gorgés d’eau. Le GR débouche sur un champ, puis plus rien ! plus de chemin. On perd à nouveau 1h à le chercher en sous-bois. Il est 19h00 et nous ne serons jamais à Rodez pour la nuit à cause des deux heures de perdues. Le stade du village de Flavin va nous servir de terrain de camping au milieu d’un concours de pétanque. Il fait à peine 10°, et je grelotte depuis une bonne heure. Je passe une très mauvaise nuit à cause du froid et de l’humidité. Première erreur de débutant, j’ai sous-estimé le froid possible en cette saison et mon duvet n’est pas assez chaud.
101 Km et 2600 D+
Deuxième étape, réveil à 5h00. Il faut le temps de plier la tente et le reste. Il fait 1° !
Le ciel est dégagé, les jambes sont bonnes. Nous quittons Flavin pour rejoindre Rodez et ensuite Figeac. L’étape se déroule sans problème, il fait beau soleil et c’est un bonheur de se réchauffer les os. Surtout qu’il y a la promesse d’un hébergement pour la nuit à venir.
Petite halte dans le magnifique village de Beaucastel.
A quelques Km de la fin, Artur se fait renverser par un chien qui déboule sous sa roue. Le genou est écorché mais rien de très grave. La peur de voir débouler un chien va rester tout au long du voyage dès que nous traversons un hameau ou une ferme.
Artur m’avait prévenu qu’à Figeac il y aurait « une grimpette » pour atteindre la route de Fourmagnac, et pour une grimpette c’est plutôt raide ! Nous sommes accueillis comme des rois à Fourmagnac. Très belle soirée, un bon repas, une bonne bière artisanale et un lit pour une bonne nuit réparatrice (merci encore à nos hôtes)
112km et 2600 D+
Départ pour la troisième étape après un super petit déj.
Je me souviens du profil envoyé par Artur , et cette étape est sans doute la plus longue et la plus difficile en D+. Le temps est mitigé mais pas trop pluvieux. On enchaîne à nouveau des chemins larges, des routes départementales, des monotraces, des traces improbables… D’après Artur c’est une étape type de ce que l’on peut trouver sur la French Divide .
Cette étape doit nous mener pas loin de l’abbaye de Conques, nous n’irons pas mais le chemin des pèlerins est raide. J’entends Artur égrainer les pourcentages dans une côte : 15%, 18%, 20% 21% et pourtant on grimpe, au train, mais on grimpe avec le vélo chargé. Le rythme est pris et je me surprends malgré la fatigue et les km à ne pas poser le pied à terre.
C’est plaisant, la variété des terrains permet de se reposer entre deux passages plus difficiles. On Arrive au camping municipal de Rodez, repas et au lit.
100 km et 2800m D+
Le temps est gris et humide. La nuit a été plutôt bonne pour moi, mais pas pour Artur.
Petit dej dans un bar à l’ouverture avec les pochtrons de Rodez. Le type à côté de moi, au comptoir, s’enfile son grand verre de blanc cul sec à 7h00 du mat !
C’est la dernière étape, la pluie ne va pas vraiment nous quitter toute la journée. Les jambes commencent un peu à tirer, mais le moral est bon. C’est sans doute l’étape avec le plus de route, mais ce sont aussi les paysages les plus agricoles que nous ayons traversés. Pas beaucoup de chemin possible au moins jusqu’aux environs de Millau.
On atteint le point le plus haut de la journée, 1100 m d’altitude dans la brume. Les chemins sont très boueux jusqu’aux alentours de Millau. Subitement on change de sol et de végétation. On retrouve les chemins caillouteux de notre région et une végétation de garrigues et des causses. La dernière bosse est redoutable (elle fait partie de la Caussenarde) mais tout passe sur le vélo. Belle descente pas très technique mais avec la fatigue et le poids du vélo c’est sportif !
Arrivée à Millau vers 18h30, pour une bonne bière.
104Km et 2300 D+
Après 420km et près de 10500m de D+, je ressens la fatigue bien sûr, mais bizarrement les jambes sont de plus en plus solides. A la suite d’une descente, passer les premiers mètres de montée, les jambes deviennent de plus en plus efficaces.
Je n’ai pas fait de grosses erreurs sur le matériel à part le sac de couchage. La tente très légère, le matelas léger et performant, les sacoches rien à redire de ce côté-là (environ 700 € de matériel divers). Par contre, la selle Brooks achetée d’occasion c’est fissurée au niveau du système de tension.
J’ai oublié le lubrifiant à chaîne et j’ai eu quelques fuites sur les tubeless (très bon choix de pneu : Specialized Renégade en 2,10 arrière et 2,20 devant), mais à part çà rien à dire, le Sobre UPGRAD a fait le job !
En conclusion
Le bike packing c’est vraiment une autre approche du vélo. La distance permet de varier les plaisirs : petites et grandes routes, petits et grands chemins, monotraces techniques en descente et en montée. Evidement pas question de prendre des descentes très exigeantes avec de petits pneus et 7 kg de bagage.
Physiquement c’est exigeant, mais petit à petit le corps s’habitue, reste à savoir si j’ai envie de faire du vélo tous les jours pendant 10 ou 15 jours et çà c’est la seule question qui me reste aujourd’hui…
Mais avec un co-équipier aussi aguerri et agréable qu’Artur, rien d’impossible
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